Bazar à réflexions et anecdotes

- 31/10 : La conduite au Mexique

1. Le permis ne se passe pas mais s'achète, il n'y a aucune formation, je préfère deviner et anticiper l'intention des autres conducteurs avant de prendre en compte la signalisation.
2. Il n'y a pas de contrôle technique, les clignotants et feux stop sont parfois défectueux.
3. Les nids de poule sont fréquents, les dos d'âne non signalés.
4. Lors d'un dépassement, c'est à celui qui se fait dépasser de faire attention, il faut fréquemment regarder dans les rétroviseurs (surtout avant de tourner !) et serrer à droite et chevaucher l'accotement s'il y a.

en direction de Guanajuato, Mexique

- 28/10 : Chaque fois que je pense aux amérindiens nord-américains, je repense à cet extrait du livre "Récit d'un joueur itinérant" de Jonathan Salamon.

"Ils étaient des Ashaninkas, un peuple fier de l'Amazonie, aux traditions et à la culture centenaire, et aujourd'hui, ils sont les moins-que-rien du Pérou. Des pauvres ivrognes condamnés pour survivre à être les figurants de la comédie dans laquelle ils vivent. Les dernières statues vivantes d'un musée qui n'est plus visité que par des touristes en mal d'authentique. Des touristes qui rentreront chez eux avec de belles photos en disant : " Ils ont si peu et pourtant ils ont l'air si heureux ! ". Non. Ils n'ont rien. Même plus de dignité. Tous les litres de bière ne sont plus suffisants pour cacher la misère. Etrange sensation que d'être témoin de l'agonie d'un peuple. Un déclin qui n'est pas dû à l'éradication physique mais à sa lente dilution dans une culture dominante."

- 26/10 : Je suis au nord du Mexique, sur la route no 15 en direction de Mexico. C'est le désert, il doit faire près de 40 degrés, l'air est sec. Il n'y a absolument rien sur un rayon de 100 kilomètres, pas même un cadavre de rongeur écrasé. Je vois au loin une silhouette sur le bord de la route. C'est un homme, petit, maigre, le dos voûté et la peau noircie par le soleil et la poussière. Il est là, immobile, la bouche ouverte et le regard vide tel un zombie. Je me pose toute une série de questions : comment est-il arrivé là ? Qu'est-ce qu'il mange, qu'est-ce qu'il boit ? Où va-t-il dormir ? Qui va s'intéresser à lui ? Et je me dis que cet homme va bientôt mourir.

En direction de Mexico, Basse Californie, Mexique

- 23/10: Je sors du parc national Joshua en Californie et roule vers Slab city, village établi par une communauté de hippies dans le sud de la région. Ca doit être sympa, je vais rencontrer des gens différents, boire, fumer des joints, refaire le monde et passer une bonne nuit avant de traverser la frontière mexicaine.
L'entrée du village est plein de graffitis en couleur, certains peints sur la roche. Il y a des panneaux indiquant un café, internet, bar et boîte de nuit. Les gars n'ont pas fait les choses à moitié. Je visite le village de caravanes, certaines ont une extension en bois servant de terrasse, jardin ou potager. C'est calme, très calme.
Un grand homme, la quarantaine, mince, la barbe et les cheveux longs, stéréotype du vieil hippy, sort de chez lui et vient à ma rencontre. Il vit là depuis 6 ans, sa caravane est alimentée par des panneaux solaires. Il me fait visiter sa demeure, il y a un petit salon, écran plat, la télé et Internet par satellite, il ne paie rien. De toute façon, il n'a pas d'argent, il gagne de quoi se nourrir en faisant des jobs par-ci par-là, construction, ramassage de déchets, bricolage.
Son regard montre que sa vie n'est pas rose, ce que je pensais être un paradis n'est fondamentalement pas si différent de nos vies urbaines : il faut travailler dur pour (sur)vivre.
Finalement, je trouve l'endroit un peu triste pour y passer la nuit et décide de continuer ma route.

Slab city, Californie

Winnipeg, Canada

"Les rêves se réalisent seulement si on essaie. Je crois aux miracles... Il le faut, car quelque part la souffrance doit cesser." Terrance Stanley (Terry) Fox, athlète canadien, humanitaire et militant pour la recherche dédiée au traitement du cancer né le 28 juillet 1958 – à Winnipeg au Canada et mort le 28 juin 1981 à New Westminster en Colombie-Britannique. Il devint célèbre pour son « Marathon de l'espoir », un périple trans-canadien qu'il entreprit afin de prélever des fonds pour la recherche contre le cancer ; il courut ce marathon malgré une jambe artificielle.