Vers la fin du monde
"On voyage autour du monde pour trouver quelque chose et on rentre chez soi pour le trouver." George Moore
Ca fait une éternité que je n'ai pas écrit, je souffre du syndrome de la page blanche et je me soigne pas.
Mais en ce doux lundi matin (pour ceux et celles qui ne bossent pas), le dos en vrac, accompagné d'un live d'un artiste brésilien, sous une une fine pluie et une vue imprenable des monts entourant la paisible bourgade de Vilcabamba (Equateur), j'ai trouvé l'inspiration.
Je suis en retard. Le temps - notion inventée par l'Homme dans l'unique et étrange but d'être plus productif - est un ennemi. Il empêche de savourer le moment présent, notre environnement, les détails qui nous entourent, d'être conscient de soi-même, de vivre avec un grand "V".
Pourtant, tel un marathonien, je veux atteindre la fin du monde. C'est une autre façon de me sentir vivant et, au fond, je sais que quelque chose m'attend là-bas.
J'ai parcouru 2500 Kms depuis mon arrivée à Bogota il y a 2 semaines, capitale de la Colombie, soit environ 170 Kms (2 heures et demi) par jour. Certaines routes sont catastrophiques et dangereuses, à l'instar du "Trampoline de la mort" au sud du pays, piste de montagne équivalente à la route de la mort au Pérou. Titine a une forme olympique, RAS pour l'instant, je suis admiratif.
C'est avec regret que je survole l'Equateur, les habitants y sont adorables, le pays, constitué de multiples vallées, lacs, volcans et tribus indigènes est magnifique et captivant. La cuisine est parmi les plus savoureuses auxquelles j'ai goûtées depuis le Mexique.
Plus à l'aise en espagnol, les rencontres avec les locaux sont de plus en plus enrichissantes. Les pauses sont l'occasion de raconter mon périple, je suis chaque fois ému et fier de voir leurs yeux ébahis, j'ai l'impression d'accomplir une mission, d'offrir l'ombre d'un instant un rêve souvent inconcevable, toujours inaccessible. Il me le rendent parfois avec un café, une banane, des chips, j'ai même eu droit à un tee-shirt (bien trop grand).
A Mocoa, situé dans les montagnes du sud de la Colombie, j'ai eu l'occasion de revoir un couple d'Argentins rencontrés au Panama, Gaston et Julia, des vrais aventuriers au grand coeur, dégageant une remarquable sérénité. Ils voyagent sans contraintes de temps et sans argent. Antoine peut rentrer se coucher.
La route vers la frontière équatorienne fut marquée par la visite du sanctuaire de Las Lajas à Ipiales, édifice construit dans un canyon ! C'est définitivement un de mes plus beaux souvenirs.
Demain, je devrais me retrouver au Pérou, réputé pour ses mystérieux sites incas, ses communautés indigènes, sa cuisine et ses pics de 6000 mètres. Le pays est vaste, j'espère le traverser en 3 semaines.
Ce voyage n'est pas toujours une partie de plaisir, c'est parfois lassant, fatigant, difficile émotionnellement et physiquement, mais la richesse qu'il me procure n'a pas d'égal.